J'ai toujours eu un regard critique et moqueur sur notre société. On m'a qualifié de « petit con » quand j'ai posé le premier d'entre eux sur une grande madone de marbre d'un de mes professeurs de sculpture. J'ai alors compris que quelques grammes de glaise pouvaient détourner avec dérision une tonne d'un matériau plus noble. Les « P'tikons » sont naturellement devenus des vecteurs malicieux de cet état d'esprit.
Patouiller la terre avec l'eau, modeler, cuire au feu, c'est l'étape Bachelardienne, le plaisir physique de jouer avec les éléments.
Créer un peuple de terre, donner vie et expression aux personnages, c'est la phase Prométhéenne du travail. Mettre en scène le peuple des P'tikons, comme miroir de notre société, observer la confrontation visuelle avec un public, c'est la récompense.
Ils sont fragiles, comme nous, mais leur nombre fait leur force. Ces bonhommes de terre sont des messagers de notre monde contemporain. En somme ils sont des fragments de terre et d'humanité.
L'histoire de ce peuple est compilée scrupuleusement dans le Grimoire des P'tikons, vénérable bouquin qui en est désormais à son tome 2. J'écris dans les pages de gauche contes et légendes plus ou moins vraies, vérités souvent extrapolées de ce peuple de la terre, et j'y colle les articles de presse et divers documents concernant les expos. Sur les pages de droite j'inscris le nom de ceux qui, au fil de cette histoire ont fait l'acquisition d'un ou plusieurs P'tikons. Ceux-ci sont numérotés dès qu'ils quittent le peuple et le numéro est inscrit sous leur pied. Ainsi s'effectue la traçabilité dans ce Grimoire qui constitue en quelque sorte la « bible » des P'tikons.